Ici et ailleurs

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Hampi, sur la colline sacrée

Jeudi 15 novembre

 

Retour vers le passé : Hampi

 

En nous réveillant ce matin-là nous nous apprêtons à remonter le temps de plusieurs siècles. Notre chauffeur, accompagné d’un guide parlant français, nous emmène à l’entrée du site qui s’étend sur 26 km2. Le paysage est minéral. Des rochers et des blocs de granit en équilibre précaire se succèdent sur des kilomètres de terrain vallonné. La pierre dorée se détache sur le vert des rizières, des cocotiers et des bananiers. C’est dans ce paysage minéral fascinant que se détachent les ruines de Hampi, capitale du royaume hindou de Vijayanagar, un des plus puissants empires de l’Inde du 14e au 16e siècle.

 

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Notre première journée sera consacrée à la partie « sacrée » de l’ancienne capitale et commencera par la montée sur la colline Hematuka.

Nous sommes impressionnés immédiatement par la taille des blocs de granit qui parsèment la colline.

 

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Les temples se succèdent, majestueux, leur couleur se confond avec celle du paysage, seules quelques gopuras, les hautes tours de l’entrée encore existantes pour certains, s’imposent par leur jaune éclatant.

C’est un site irréel et envoûtant.

 

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Mais il faut bien se mettre en tête que ce fut il y a 500 ans une ville énorme et vivante.

 

L’âge d’or de Hampi

Protégée par sept enceintes fortifiées, Hampi était une ville somptueuse et riche qui s’étalait entre plusieurs chaînes de collines. Au cours du 16e siècle, la cité comptait un demi-million d’habitants ! Toute l’eau de la ville provenait de deux réservoirs installés à l’extérieur du premier mur d’enceinte. Le roi avait près de son palais un lac, une palmeraie et des arbres fruitiers abondants.

Dans les larges rues bordées de temples et de palais, des marchands venaient de loin pour acheter des pierres précieuses. Des armées venues des sultanats musulmans du Deccan firent tomber la ville à la bataille de Talikota. Le siège dura plus de six mois, en 1565, mettant brutalement fin à cet âge d’or. La cité pillée et saccagée ne se releva pas.

Il faut gravir Hemakuta Hill pour découvrir une vue à 360° sur les collines rondes, les rochers en suspension et les ruines de temples, avec pour fond de décor les plantations de bananiers et de cocotiers.

 

Sur la colline Hemakuta

 

 

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Le premier temple est toujours un temple dédié à Ganesh.

Dans l’hindouisme, Ganesh, est le dieu qui supprime les obstacles.

Traditionnellement représenté avec un gros corps d'enfant de couleur rouge possédant le plus souvent quatre bras et une tête d’éléphant à une seule défense, son véhicule est un rat ou une souris, Mûshika. Les deux se complètent, l’éléphant massif, puissant et réfléchi, le rat petit, mobile et malicieux, ont ainsi tous les atouts nécessaires pour résoudre les problèmes du monde.

 

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Les histoires qui expliquent comment Ganesh obtient sa tête sont nombreuses et diverses. Elles racontent que Shiva, rentrant d’une longue période de méditation dans l’Himalaya, trouva un jeune homme barrant la porte de sa maison pour l’empêcher d’entrer tandis que Pârvatî prenait son bain. Ce garçon était le fils que la déesse avait conçu elle-même, au moyen de la poussière et des onguents raclés sur sa peau, pour lui tenir compagnie durant sa solitude. Furieux de se voir interdire l’entrée de sa maison, Shiva sortit son épée et coupa la tête du garçon qui roula au loin et devint introuvable.

S’apercevant de cela, Pârvatî lui raconta toute l’histoire et, inconsolable, exigea qu’il redonne vie à son fils sur-le-champ. Shiva promit de remplacer la tête par celle de la première créature, plus exactement par la tête du premier « enfant » qui se présenterait à lui, hors de la vue de sa mère. Le premier être rencontré correspondant à cette description fut un éléphanteau dont la mère dormait en lui tournant le dos…

Nous avons donc droit à notre Ganesh à l’entrée des lieux. C’est le Sasive Kaalu Ganesh ou Ganesh « moutarde ». Pourquoi ? Parce que c’est à lui que s’adressaient à leur arrivée les marchands d’épices pour faire de bonnes affaires.

 

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Il faut dire que la religion hindoue est un peu compliquée.

On va essayer de faire bref et clair, ensuite je n’en parlerai plus !

Shiva est l'un des trois dieux primordiaux, avec Brahmā et Vishnou. Shiva possède la connaissance universelle, suprême et absolue. Il représente la destruction, mais celle-ci a pour but la création d'un monde nouveau.

 

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 Sa monture est le taureau Nandi qui fait lui-même l'objet d'un culte.

 

 

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Shiva est uni à Shakti. Elle-même a plusieurs noms suivant la fonction qu'elle occupe (Parvati, Durga, Kâlî). Il a deux fils avec Parvati : Ganesha et Skanda. Le premier a la particularité d'avoir été conçu par Parvati d'abord, Shiva l'ayant seulement ramené à la vie en le dotant d'une tête d'éléphant. Quant au second, il est le fruit de la volonté des dieux que Shiva fasse naître un fils décisif.

Brahmā est le dieu créateur dans l'hindouisme. Sa monture est une oie ou un cygne. Sa couleur est le rouge. Bien qu'étant le Créateur de toutes les créatures vivantes, il n'y a que quelques temples lui étant totalement dédiés. Il est représenté comme étant le bouddha à quatre têtes et quatre bras.

 

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Vishnou est le deuxième dieu de la Trimūrti (également appelée la « trinité hindoue »), avec Brahma et Shiva. La Trimūrti incarne le cycle de manifestation, conservation et dissolution de l'univers dont Brahma est le créateur, Vishnou le protecteur et Shiva le destructeur. Vishnou est souvent représenté en homme bleu avec une parure royale et quatre bras. Sa compagne est Lakshmi, la déesse de la richesse et de la bonne fortune, sa monture Garuda, l'aigle. Selon la tradition, Vishnou s'incarne régulièrement, lorsque le monde est menacé par le chaos. Ses plus célèbres incarnations sur Terre sont Rāma et Krishna.

 

 

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Sur le site de Hampi la plupart des temples étaient dédiés à Shiva.

Notre guide nous expliqua que lui-même était un adorateur de Shiva. Après son mariage il n’arrivait pas à avoir d’enfant. Il alla donc avec sa femme faire des offrandes à Shiva en lui demandant de leur donner un enfant et ça a marché ! Du coup sa première fille s’appelle Shivani…

Nous avons vu ce jour-là des temples à ne plus savoir qu’en faire.

Le temple hindouiste se compose, au minimum d'un cœur de sanctuaire recouvert et protégé par une tour, plus ou moins haute. L'entrée s'effectue par un porche. Puis, en fonction de la taille du temple, on trouve une ou plusieurs salles de prière ou d'assemblée.

 

 

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 Dans certains temples se trouve un couloir pour permettre de tourner autour du sanctuaire. C'est-à-dire de déambulation dans le sens des aiguilles d'une montre. Le temple possède, en principe, un accès protégé. Le plus souvent, une enceinte rectangulaire sert à délimiter cet espace sacré. Les grands ensembles de temples, situés à l'intérieur d'une même enceinte, comportent un temple principal et des temples secondaires, situés autour.

 

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Dans un temple hindou

 

 

Les fidèles touchent le seuil de la porte de la main en passant en évitant de marcher soigneusement sur le dessin qui y figure. Vishnou est censé y loger.

Nous montons jusqu’au sommet de la colline d’où nous avons une vue extraordinaire sur l’ensemble du site et sur la rivière qui le borde. En bas nous attend le temple de Virupaksha

 

 

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Ce dernier est l’un des plus vieux édifices de la ville. Haut de près de 50 mètres, le Gopura de 9 étages fut édifié en 1442. Il fut miraculeusement préservé lors de l’invasion de l’empire et la destruction de la ville.

Il comporte plusieurs cours et sanctuaires. C’est le seul temple de Hampi qui soit encore en activité. La dévotion des croyants est palpable. C’est un grand centre de pèlerinage encore à l’heure actuelle en Inde.

Les piliers sont en forme d’animal mythique avec une trompe d’éléphant, une mâchoire de crocodile, un corps de renard et des pattes de lion.

 

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L’intérieur est sombre et de nombreuses familles s’y pressent, des singes aussi.

 

 

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Dans une pièce sombre un étrange phénomène se produit : une petite ouverture en haut d’un mur projette l’image de la gopura inversée.

 

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A la sortie j’ai droit à l’imposition d’un dessin protecteur sur le front…

 

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Chaque temple disposait également de réservoir d'eau sacrée.

 

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Nous descendons le long de la rivière. C’est toujours un lieu de vie. On s’y lave, on lave son linge et ici c’est un peu spécial, on lave l’éléphante sacrée du temple ! Elle vit dans le temple et sert pour les processions.

 

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Sur les bords de la rivière

 

 

Une halte pour un petit café noir nous permet de reprendre des forces. La chaleur arrive, la fatigue commence à se faire sentir. Nous marchons depuis 4 heures.

 

 

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Nous en profitons pour observer la vie sur la place...

 

Et si on prenait un café?

 

 

Devant le temple s’étendent les restes de l’immense bazar de Hampi. Ce sont deux colonnades de pierre, parfois à 2 étages.

 

 

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Jusqu’au début des années mille les cases avaient été réaménagées en habitation et des centaines de familles vivaient là. Notre guide lui-même nous montra les restes de son ancienne demeure en nous expliquant l’affectation de chaque partie et combien la vie y était agréable. On sentait beaucoup de nostalgie dans sa voix. Le gouvernement expulsa tout le monde pour redonner son côté historique à l’endroit. Les derniers habitants sont partis en 2020. Tous les murs furent démolis. Restent les colonnes et les plafonds…

 

 

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Un dernier effort nous ramena sur les bords de la rivière pour sortir ensuite de la colline sacrée. Un amusant panneau demandait de faire attention aux crocodiles. Le guide nous expliqua que c’était pour dissuader les touristes de se baigner, il n’y avait pas de crocodiles !

 

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Un peu plus loin un banian dominait le sentier de sa haute stature. C’était un arbre à souhaits et de nombreuses offrandes s’étalaient à ses pieds.

 

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Le chauffeur nous déposa à 16h à l’hôtel, complètement épuisés.

Pourtant à 17h nous étions repartis car il voulait nous montrer le coucher du soleil du haut d’un temple. Deux kilomètres à pied, ça use, ça use ! Certes, l’endroit était magnifique, emplis de chants d’oiseaux…mais le soleil, après s’être montré un court instant, disparu dans la brume !

 

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18/11/2023
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