Ici et ailleurs

Ici et ailleurs

Le temps a passé...

Jeudi 21 février

 

Nous sommes revenus à Kaili…

Nous avions visité cette ville, une des plus importantes du Guizhou, en 2004.

Nous avions trouvé une ville partagée entre le futur et le passé.

Certes des bâtiments flambant neufs s’élevaient, le vent de la modernité soufflait sur la ville.

 

 

Mais une grande partie était encore restée « traditionnelle »» : petites ruelles bordée de maisons en bois, boutiques ouvertes sur la rue, acupuncteurs, dentistes (qui faisaient frémir !), vendeurs de charbon, exorciseurs faisant brûler des cierges sur le pas des maisons après avoir sacrifié un coq, vieux messieurs très dignes promenant leur oiseau préféré dans sa cage en fumant une longue pipe..Toute une vie qui grouillait à côté de la partie neuve, grouillant elle aussi d’une autre forme de vie…

 

 

Les vieux quartiers de Kaili en 2004

 

Le Kaili de 2012 a suivi l’évolution de la Chine : constructions accélérées, immenses buildings aux quatre coins de la ville, larges artères où circulent voitures et piétons, quartiers piétons…

 

 

Ce qui nous interpelle un petit peu, et cela tout au long du voyage nous l’avons ressenti, c’est cette impression de « vite fait bien fait », cette mégalomanie imbécile qui éclate aussi dans les villes et la vue de nombreux chantiers arrêtés. On nous dit que c’est à cause du nouvel an mais
lorsqu’on regarde bien certains sont dans un tel état qu’ils doivent être arrêtés depuis bien longtemps. Ce que nous voyons est relativement récent et pourtant tout paraît déjà vieux, la Chine construit mais mal et n’entretient pas ce qu’elle a bâti. Nous avons par exemple pris l’autoroute Guiyang-Kaili qui n’a que 19 ans mais elle est très dangereuse à prendre de nuit et
praticable avec précaution de jour tant les trous (énormes parfois) sont nombreux sur la chaussée alors qu’on y circule à 100km/h !

Les bâtiments, les trottoirs, tout se dégrade à grande vitesse.

La dernière fois que nous sommes allés en Chine, en 2009, nous étions admiratifs devant le « bulldozer » chinois. Là nous sommes plus inquiets. Peut-être la crise est-elle là aussi, plus insidieuse, présente dans tous ces travaux en suspens, dans tous ces immeubles (de 20
étages en moyenne) vides. Bulle immobilière en perspective ?

 

 

En tout cas ce qui impressionne aussi c’est la « compression » des habitants sur des quartiers entiers de buildings sans l’ombre d’un espace vert. L’erreur que nous avons commise dans la deuxième moitié du XXème siècle est en train de se répéter ici mais à l’échelle chinoise !
On ne pourra pas continuer à entasser littéralement les gens, en leur laissant  comme seule perspective l’aller-retour au travail pour un salaire dérisoire…Nous connaissons les conséquences chez nous, imaginez-les pour un milliard de personnes !

Revenons à Kaili…

Nous avons essayé de retrouver nos vieilles rues traditionnelles : elles avaient disparu, enfin presque. Les habitations avaient été remplacées par des bâtiments neufs qui, il faut le reconnaître, étaient assez réussis et avaient permis aux habitants d'accéder à plus de confort.

 

 

Une seule maison avait échappé à la destruction. Transformée en dépotoir elle témoignait du passé...

 

 

 L’âme de cette partie de la ville était restée : nous avons retrouvé les petites boutiques au rez-de – chaussée, les maisons de jeux derrière les rideaux de laine, les acupuncteurs sur le trottoir, les laveries, pas automatiques du tout, les coiffeurs à l'équipement très artisanal, les petits restaurants de rue et même un cochon qui une fois de plus avait été sacrifié au milieu de la rue pendant que les familles s’agitaient autour pour faire la cuisine.

 

Laverie pas encore automatique

Chez le coiffeur

Salle de jeux où les dominos apparaissent et disparaissent à une vitesse extraordinaire...

 Le dentiste s'est modernisé mais garde "pignon sur rue!"

Encore un cochon qui nous a quittés!

Petit resto de rue

 

 Curieux mélange.

Le matin du vendredi nous sommes sortis une dernière fois avant de partir pour humer l’air du matin : sous la grande tour marquant l’entrée des anciens quartiers les « retraités » jouaient aux cartes ou au ma-jong.

 

 

Sur les places les gens dansaient gravement ou s’étiraient dans de lents mouvements de taï chi chouan, dans les restaurants de rue chacun avalait en vitesse sa soupe de nouilles…et la foule commençait à se presser sur les trottoirs.

 

 

Nous étions bien pour quelques heures encore en Chine !   



27/02/2013
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