Ici et ailleurs

Ici et ailleurs

L'autre Boukhara

L'âme de Boukhara...

Quittant les bâtiments aseptisés nous avons cherché les restes du bazar mais lui aussi était voué au tourisme. Des cinq coupoles qui autrefois bruissaient des mille cris des marchands seules trois restaient en fonction mais à l'usage exclusif des "marchands du temple". Toutefois nous nous sommes plus sur le marché des bijoutiers où les femmes étalaient bagues, pendentifs, bracelets d'or, corail, améthystes et autres pierreries.

 L'argent circulait et les paquets de billets passaient rapidement de mains en mains. Il faut dire que la monnaie nationale, le soum, ne vaut pas grand chose (un euro = 3300 soums) et qu'on se retrouve vite avec une "brouette" de billets pour le moindre achat...

Nous avons commené à percevoir un peu de l'âme de Boukhara en parcourant la vieille ville. La première remarque que nous avons pu faire est de constater l'absolue propreté des lieux. Certes le sol est de terre, plus ou moins défoncé, les rues sont étroites mais quelle importance puisqu'aucune voiture n'y circule!

De toute façon bien peu d'ouzbeks ont une voiture et l'approvisionnement en "benzine" semble être un gros problème. Les stations ne manquent pas (reste de planification sans doute de l'ère soviétique ou volonté actuelle du gouvernemnt de "paraître") mais la plupart sont fermées et lorsqu'elles fonctionnent la queue de voitures qui attendent est impressionnante...

Donc pas de voitures dans les rues de la ville si ce n'est sur les très grands axes (et encore on peut traverser hors passage piétons en toute sécurité!). On y gagne un silence profond ponctué seulement de quelques éclats de voix venus de l'intérieur des cours. On devine l'âme de Boukhara cachée derrière les portes des maisons, en bois la plupart du temps, maisons précédées d'une cour ou d'un jardin dont on ne voit que les branches des arbres ou les treilles qui rampent aux sommets des murs. De bonnes odeurs de pain cuit s'échappent parfois.

 Des enfants sortent en riant, une femme balaie devant sa porte, les plus âgées quelquefois sont assises, là, près du portail, et regardent passer le temps.

L'âme de Bukhara nous l'avons trouvée dans les vieilles madrasas abandonnées, dédaignées par les touristes, nous l'avons vue sur les façades lépreuses des anciennes maisons dévorées par le temps dans le quartier juif, nous l'avons trouvée aussi dans les boutiques à peine ouvertes sur la rue, boucheries, épiceries,tailleurs, coiffeurs, avec leurs affiches très "vintage" dirions-nous chez nous.

Nous l'avons rencontrée lorsqu'au détour d'une rue nous sommes tombés "nez à nez" avec des enfants sortant d'un collège. Enfants en uniforme comme dans beaucoup de pays, presque au garde à vous quand l'enseignant l'interroge... Sans hésitation nous sommes rentrés et avons passé un long moment avec un professeur (de mathématiques!) qui s'est fait un plaisir de nous accompagner ensuite dans une école primaire où, là, moment d'émotion, les enfants se sont levés pour chanter en notre honneur...

Enormes choux blancs dans les cheveux pour les filles en corsage blanc et robe noire, noeud papillon et costume noir également sur chemise blanche pour les garçons!

Dans d'autres écoles les filles portent une robe bleu claire sur des collants blancs, et un large tablier blanc de dentelle noué dans le dos par une grosse coque...

L'âme de Boukhara s'est glissée enfin dans une mosquée de quartier où nous sommes arrivés à midi. Nous étions vendredi, les hommes surgissaient de tous côtés répondant à l'appel à la prière que chantaient les hauts-parleurs. Les croyants ont fini par déborder dans la rue et les tapis disposés tout autour à l'extérieur se sont remplis.

 Des vieillards à barbe blanche devisaient sagement devant la porte.

Le gardien nous a invités à entrer pour écouter le sermon. J'ai remis mon foulard, nous avons enlevé nos chaussures, et je me suis retrouvée, seule femme, au milieu de centaines d'hommes, agenouillée avec les autres. La ferveur était intense, les mains caressaient les visages,les lèvres imploraient Allah, un moment de spiritualité dans Boukhara la trop magnifique...

Nous pouvions partir,nous nous étions un peu réconciliés avec la ville.



24/10/2011
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