Dans les temples excavés de Badami
Dimanche 19 novembre
Les grottes de Badami
De bonne heure et de bonne humeur. Voilà notre devise depuis 10 jours.
Une extraordinaire surprise architecturale nous attend à Badami. Quatre grottes abritent des sanctuaires sculptés dans la falaise de grès rouge.
Il suffit de monter plusieurs volées de marches pour les visiter les unes après les autres.
Un guide nous explique d’où vient le nom de Badami. Toutes les roches de ce lieu sont d’une belle couleur brun clair un peu doré évoquant celle des amandes. Hors « amande » en kannada se dit « badami ». C’était tout simple.
Le site est magnifique, les blocs qui nous surplombent impressionnants et la richesse de chacun de ces temples gravés au cœur de la roche extraordinaire.
Car il faut bien réaliser qu’il ne s’agit pas de constructions mais bien de temples creusés à même la roche sans aucun ajout, le creusement s’étant effectué pour chacun des temples du plafond vers le sol.
Les temples et les falaises de Badami sont enracinés au sol, témoins du soleil se levant et couchant pendant des millénaires, ils se sont tenus de manière permanente lorsque les royaumes changeaient de mains et que la civilisation galopait à travers les âges.
Ces « grottes temples » sont Hindouistes : deux sont dédiées à Vishnu, une à Shiva, et la dernière à Jain. Elles font plusieurs mètres de larges, de haut et de profondeur et révèlent de superbes sculptures à l’effigie des dieux Hindous. La plus importante est la troisième, dédiée à Vishnu.
Ce que l'on sait, c'est qu'elles datent du 6e siècle et qu'elles sont parmi les premiers exemples de temples en pierre découverts en Inde.
Grotte 1 // Shiva
La première grotte serait la plus ancienne. Elle est dédiée au grand Dieu Shiva.
L'intérieur est sombre, la présence du taureau Nandi s'impose au milieu du temple.
On retrouve le dieu sous différentes formes. La plus spectaculaire est celle sur la paroi intérieure droite, le représentant sous la forme de Nataraja, le seigneur de la danse.
Il est aussi représenté sous la forme d'HariHara, moitié Shiva, moitié Vishnu et sous celle moins connue d'Ardhanarishvara. Un Shiva androgyne, mi-Shiva, mi-Parvati (sa compagne).
Grotte 2 // Vishnu
Plus haut se trouve la seconde grotte dédiée au grand dieu Vishnu.
La configuration est à peu près la même que la première. Un peu plus petite et avec un plafond magnifiquement décoré.
Ici, les deux plus belles représentations de Vishnu sont deux de ces avatars. Vahara, son troisième avatar mi-homme, mi-sanglier portant Bhudevi, la déesse Terre sur ces défenses et Vamana le nain. Celui-ci est le 5e avatar du dieu, appelé aussi Trivikrama "celui qui fait trois pas". Ici représenté une jambe en l'air, en pleine enjambée donc.
Le paysage est idyllique du haut de cette deuxième plateforme.
Des rangées de traits gravés s'alignent sur la roche à l'extérieur. Il s'agit de traits inscrits par les architectes et comptant leurs nombres de jours de travail !
Grotte 3 // Vishnu
C'est la plus grande, dédiée elle aussi à Vishnu. C'est la seule des 4 grottes où figure une inscription gravée dans la roche qui nous dit qu'elle daterait de 578.
On retrouve le grand protecteur sous d'autre formes. En plus de Vamana et de Vahara, il est représenté en Narashima, mi-homme, mi-lion
Ici aussi le plafond est particulièrement beau ! Les colonnes sont recouvertes d'ornement et de parures. Tout raconte une histoire, même cachée des fois...
Ces grottes ont été habitées pendant des siècles par les gens du coin, leur expulsion n'eut lieu qu'au début du XXème siècle afin de récupérer ce patrimoine historique.
Il reste quelques vestiges émouvants comme cet échiquier gravé sur le sol de la grotte.
Grotte 4 // La grotte Jaïn
Enfin (parce que les escaliers sont raides) la dernière grotte ! Celle-ci se différencie des autres, car elle est dédiée aux saints du jaïnisme (les Tirthankaras). Un courant spirituel proche du bouddhisme.
C'est la plus petite et fort probablement la plus récente des 4 grottes. Certains disent qu'elle daterait plutôt du 8e siècle, voir du 11e ou du 12e (bref, personne n'est sûr de rien en fait...)
On y trouve trois effigies principales et une multitude d'autres personnages. La sobriété de ces figures et les différences de tailles lui donnent vraiment un air plus égyptien.
Bahubali est représenté debout, dans la posture dite de Kayotsarga. Des lianes entourent ses jambes, car il serait resté une année entière, debout, en méditation !
L'idole au cœur de l'autel central est le Saint Jaïn Mahavira. Le dernier des Tirthankaras.
Ils ne sont pas toujours faciles à différencier des effigies du Bouddha
Contrairement au Bouddha (et aux autres dieux du panthéon hindous), les Tirthankaras sont le plus souvent représentés nus, sans attributs ni bijoux, et ils ne sourient pas.
Le jaïnisme ou jinisme est une religion qui aurait probablement commencé à apparaître vers le Xe ou IXe siècle av. J.-C.1.
Le jaïnisme compte près de dix millions de fidèles dans le monde, ascètes et laïcs confondus, dont la moitié à peu près en Inde. Le but de la vie pour les jaïns est le même que pour l'hindouisme, le bouddhisme et le sikhisme : l'adepte doit atteindre l'illumination menant à la fin des transmigrations de son âme. L'humain doit sortir du flux perpétuel de ses transmigrations. Il est possible de devenir jaïn en suivant les Trois Joyaux, de la foi juste, de la connaissance juste et de la conduite juste.(Les jaïns non seulement s'abstiennent de manger de la chair animale, des produits qui poussent dans le sol, des œufs et du miel, ils n'achètent ni cuir ni vêtements obtenus par la mise à mort d'animaux comme la soie ou la fourrure, certains ne mangent pas quand il fait jour de crainte d’avaler un insecte!
Du haut de la plate-forme où se situe ce temple, la vue sur le lac, la petite ville de Badami et les temples qui s’étalent sur les pentes et autour de l’eau est particulièrement appréciable.
Par contre sur les escaliers et dans les temples de nombreux touristes se bousculent mais une fois de plus nous sommes les seuls européens et on se bouscule pour nous prendre en photo. Les singes aussi sont présents partout et on nous a bien conseillé de nous en méfier car ce sont des voleurs et votre portable peut se retrouver dans leurs mains en rien de temps !
Visite des grottes temples de Badami
Il nous restait par la suite à gagner Hubli (ou Huballi) où le lendemain nous devions prendre le train pour Goa, terme de notre voyage, sans oublier notre café .
Une fois de plus la route aurait pu être monotone malgré les moutons et parfois d'étranges véhicules :
... si nous n’avions vu une rangée de camions et tracteurs richement décorés sur le bord de la route
en contrebas coulait une rivière sacrée vers laquelle des centaines de personnes se précipitaient.
Sur les bords d'une rivière sacrée
Après cet intermède nous pensions terminer la journée à Hubli à faire nos derniers achats dans les rues du bazar : las, c’était dimanche et tout était fermé. Heureusement les boutiques un peu plus chics étaient ouvertes et nous avons vu des étoffes et costumes indiens extraordinaires…
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