Ici et ailleurs

Ici et ailleurs

nos deux derniers jours au Tibet (extraordinaires!)

Nous sommes à Kathmandu et avons retrouvé internet. Nous étions un pu en manque tant nous avions de moments extraordinaires à vous faire partager...

Vendredi 12 juin

Nous quittons Shigatsé donc pour Tingri. La route comme d'habitude s'élève rapidement dans des paysages grandioses alternant montagnes et riches vallées.

Depuis le départ nous observons bien sûr la vie dans les champs autour de notre chemin. Au loin se dessinent un paysage biblique : des laboureurs visiblement au travail. Nous ne résistons pas et faisons arrêter la voiture pour aller à leur rencontre.

 Première surprise, les laboureurs sont en majorité des femmes. L'attelage est constitué d'une charrue en bois rudimentaire tiré par deux yacks empanachés. L'une ouvre le sillon, pendant qu'une autre derrière lance les graines d'orge à la volée (vous connaissez : le geste auguste du semeur...)

Nous restons lonuement à les regarder travailler, bien sûr notre venue les perturbe un peu et chacun et chacune nous étudient autant que nous les étudions. L'atmosphère est au plaisir réciproque et si les mots ne peuvent être échangés au moins une fois de plus la polaroïd joue son jeu.

Malheureusement nous ne pouvons rester très longtemps car la route est longue, et puis notre guide manifestement n'apprécie jamais beaucoup que nous "frayion" avec la population locale etrefuse implicitement de nous accompagner et de nous aider dans la conversation, de toute façon elle ne parle pas le tibétain et ne le comprend que très peu.

Le but est d'atteindre le monastère de Sakya. C'est chose faite en fin de matinée. Il faut dire que nous commençons à regarder les monastères d'un oeil beaucoup moins intéressé car il y a presque saturation. Le village qui l'entoure a la particularité d'utiliser non pas le blanc mais le gris pour ses murs avec de larges bandes rouges et noires. (sakya en tibétain signifie pierre grise).

Pourtant ce monastère, aux couleurs et fresques superbes, dégage une atmosphère particuliére.

Les groupes de pélerins sont installés à son entrée pour un repos sans doute bien mérité. Les femmes portent encore leurs plus beaux bijoux.

 

Aucun touriste. Le monastère est trop éloigné pour attirer les foules...La pénombre règne et seules les prières murmurées autour des lampes à beurre peuplent le silence.

Lorsque nous nous retrouvons tout les deux dans la chapelle tantriste dont la porte s'orne d'animaux empaillés , après être passés sous des pieds et des mains suspendus au plafond trés bas, entourés de pélerins aux vêtements imbibés de l'odeur du beurre de yack (et pas que de l'odeur d'ailleurs), dans l'obscurité presque complète, au son lancinant du gong, nous sommes totalement envoûtés et retrouvons la lumière du jour avec presque soulagement.

   La vue depuis les terrasses du temple est une fois de plus impressionnante mais nous sommes surtout attirés par un groupe de tibétains qui défile devant nous...Les visages sont marqués par la vie et le fatigue.

La route file à nouveau toute droite à travers le désert du plateau.

Rapidement elle nous emmène au sommet d'un col situé à...5248m! Les drapeaux de prières (les chevaux du vent) claquent...nouvel envoûtement.

Nous pensions que nous avions vu l'essentiel de la journée mais en réalité il nous attendait à un tournant : tout d'un coup la chaine de l'Himalaya apparaît dans toute sa splendeur avec l'Everest au centre, face à nous, dans toute sa spendeur! Quel choc! Quelle émotion! Nous qui pensions le voir seulement le lendemain...

Comment vous dire...la suite jusqu'à Tingri nous parut fade, et pourtant le paysage n'était pas négligeable.

Samedi 13 juin :

Nous savions que nous avions rendez-vous avec les hauts sommets mais la journée fut plus qu'inoubliable à plus d'un titre.

Tout d'abord nous sommes partis avec une passagère supplémentaire : une jeune écolière tibétaine interne à Tingri (village ininteressant au possible) et qui retournait pour le dimanche dans son village. Trés vite nous nous sommes retrouvés sur une piste caillouteuse qui s'est élevée en lacets vertigineux sur les flancs des montagnes toujours aussi désertes...à couper le souffle. Nous savions que nous avions 80km à parcourir et qu'il nous faudrait environ 3 heures!

Nous avons laissé la jeune fille au passage dans un village que nous avons eu la surprise de découvrir au tournant d'un lacet, comme bien d'autres par la suite...un peu de vert dans ce paysage désertique.

Quelques heures plus tard comme prévus nous sommes arrivés au monastère de Rongpu, le plus haut du monde certes, mais surtout le seul à être situé au pied de l'Everest, à 20mn du camp de base!

 Dans le fond l'Everest...

Une rapide visite s'imposait, l'endroit était désert, seuls deux vieilles étaient là, venues on ne sait d'où...

 

Pour monter au camp de base il fallait laisser la voiture, des "navettes" collectives étant organisées pour perturber le moins possible l'environnement. Le collectif se résuma à nous trois...La saison d'escalade de l'Everest étant terminée le site était désert toutes les installations avaient été démontées mais l'Everest était bien là, un peu perdu parfois dans les nuages, accompagné du Lothsé et un peu plus loin du Makalu. Splendide, impressionnant, grandiose, on ne sait que dire. de toute façon le mieux est de se taire et d'admirer. Le vent violent faisait claquer les "chevaux du vent", le plus dur fut de repartir... 

L'Everest s'appelle "Qomolangma" en tibétain...

Nous avions à effectuer le chemin du retour par la même fois plus 240km jusqu'à la frontière, l'après-midi s'annonçait rude, ce fut au-delà de l'imagination.

Au milieu de la vallée que nous retraversions nous fûles attirés par un mouvement de foule au loin. Vous nous connaissez : comment résister? Nous laissons voiture, guide et chauffeur pour aller voir. Une compétition était organisée entre 2 villages : en habits spendides, à cheval, hommes et femmes s'affrontaient, le but étant d'atteindre au galop avec une pierre 2 cibles installées plus loin. Nous aurions aimé rester plus longtemps car là encore nous nous trouvions au coeur de la vie et c'est ce qui nous intéressait!

Après des kilomètres éprouvant sur la piste nous avons enfin rejoint la route pour Zangmu, frontière chinoise. Nous pensions être tirés d'affaire et avons même pris le temps de repartir à travers champs pour rencontrer quelques nomades (mais nous sentions bien une certaine réticence côté guide et chauffeur).

Pendant que Michel faisait merveille avec la polaroïd je prenais les photos et amusais les enfants... Les conditions de vie nous ont stupéfaits. Tentes rudimentaires, crasse, stict minimum, enfants en guenilles mais pourtant quel accueil!

La route, parfaite nous emmena de nouveau sur les hauts plareaux, paysages de rêves, sommets à plus de 8000M à l'horizon, l'émotion était encore là dans la lumière dorée du coucher de soleil. Certes nous étions un peu fatigués par la route mais n'avions aucun regret, le souffle coupé par la beauté des lieux!

Mais le paysage devint lunaire et la route cauchemardesque...

Sur plus de 150km, jusqu'à la frontière, le gouvernement avait entrepris de refaire la route. Nous avions déjà rencontrer ce phénomène au Yunnan : lorsque les chinois refont une route ils ne coupent pas la circulation, bien que tout soit un gigantesque chantier occupé par des milliers d'ouvriers! Nous avions l'Himalaya à traverser, ce fut sur une route en lacet de terre la plupart du temps, sans parapet, à côté de précipices vertigineux, parsemée de rochers tombés on ne sait quand, et bientôt de nuit! J'ai cru ne jamais atteindre le bout! Il nous a fallu plus de 6 heures pour parcourir les 150 derniers kilomètres!

A minuit nous étions enfin à Zangmu où régnait une pagaille indescriptible, camions, voitures et autobus bloquant la rue. Nous pensions être au bout de nos peines, le lendemain allait nous prouver le contraire!

 



15/06/2009
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