Ici et ailleurs

Dimanche 14 juin :

Dimanche matin, grand jour, il fallait franchir la frontière, après une nuit bien courte et une journée longue et éprouvante. Nous pensions que le dimanche serait donc plus reposant. Erreur. La frontière se franchissant à pied nous avons d'abord eu 2 heures d'attente côté chinois pour valider tous les documents de sortie. Il nous restait ensuite à franchir le pont surplombant l'immense ravin qui sépare la Chine du Népal.

De l'autre côté changement immédiat de décor. Nous retrouvons le bazar et l'inorganisation des pays du sud de l'Asie. Un vague coup de désinfectant sur nos sacs ( grippe oblige) nous fait bien rire. Reste à trouver un taxi pour Kathmandou située à 100km environ. Nous pensions arriver relativement vite. C'était compter une fois de plus sans la route (sans parler de la voiture complètement pourrie mais nous n'avions pas eu le choix). Si du côté chinois nous avions été éprouvés par la reconstruction de la route, de ce côté nous l'avons été par le fait qu'elle n'avait jamais été vraiment construite. Imaginez un chemin de terre communal qui n'aurait pas été entretenu depuis une bonne dizaine d'années.

Ajoutez des lacets puisqu'il reste une grande partie de l'Himalaya à franchir, des ravins encore vertigineux, pas de parapet, sans compter les camions "tata" et les bus bondés qui considèrent que ce semblant de route leur appartient.

 Voilà la mythique route "Kathmandou-Lhasa". Vous imaginez dans quel état nous étions à l'arrivée...Presque 5 heures pour faire ces 100km! A l'arrivée nous avons choisi sans hésitation dans le guide du routard un hôtel confortable et n'avons pas mis les pieds hors de la chambre jusqu'au soir.

notre hôtel...

 En passant nous avions eu un aperçu des lieux : pollution poussée à l'extrême, maisons délabrées, taudis et bidonvilles se succédaient à l'entrée de la ville.

Lundi 15 juin :

Nous avions décidé au départ de revenir par Kathmandou car nous étions déjà venus il y a 10 ans et nous avions été sensibles à un certain charme. On ne devrait jamais revenir sur les lieux qui nous ont plu. Mieux vaut vivre de souvenirs...Nous constatons à nouveau que chaque instant est unique et constitué d'une subtile alchimie entre le temps, l'espace, le moment, notre forme, notre réceptivité...en bref vous l'aurez compris, nous ne sommes plus du tout réceptifs à Kathmandou. Il faut dire que Lundi était un jour de grève imposé par les maoïstes. Tout était fermé, rien ni personne ne circulait. Positivons, cela nous a permis de revoir le "Durbar square", centre historique de Kathmandou, dans le calme.

Mais quelle dégradation par rapport à il y a dix ans! Depuis des années ce pays est soumis à des luttes intestines qui manifestement l'ont ruiné, on a l'impression d'une ville à l'abandon...Infrastructures, bâtiments, logements, rues, tout est dans un état inimaginable. Nous subissons aussi des coupures d'électricité fréquentes, en particulier le soir après 8h! Nous avons parcouru la ville à pied, ce qui nous a valu de croiser sur notre retour une manifestation maoïste, drapeau rouge en tête, essayant de mettre le feu à un tas d'ordures (celles-ci jonchant la plupart des rues). L'armée, omniprésente dans toute la ville mitrailleuse au point, est intervenue immédiatement. Nous sommes passés prudemment à côté. La tension était palpable dans la ville.

Sur Durbar square...

Le soir nous sommes ressortis vers 5h (car de12h à 15h impossible de mettre un pied de hors tant la chaleur moite est difficile à supporter).Un stupa inattendu s'est offert au tournant d'une rue...sans comparaison avec ce que nous avions vu!

 Les gens commençaient manifestement à revivre, quelques boutiques s'ouvraient...Nous avons pu enfin goûter le plaisir d'observer la vie népalaise...

 A la nuit tombée (elle tombe vite, à 8h il fait noir) nous sommes revenus épuisés par la chaleur, le bruit et le mouvement. Dans notre tête s'est allumée la case "départ"