Derniers jours en Arménie
Vendredi 8 juin
Nous entamons notre retour vers Erevan où nous devons prendre l'avion dimanche mais nous allons d'abord faire un grand « détour » par quelques coins un peu perdus comme le village de Yegheguis où nous devons passer la prochaine nuit.
Nous quittons nos hôtes après un petit déjeuner encore trop abondant en évoquant la perspective de revenir une autre année. Il est vrai que le coin nous a séduits et l'idée de passer quelques jours dans les alpages ( en faisant attention aux loups partout présents la nuit parait- il) et de passer cette fois dans le Haut Karabagh ne nous paraît pas impossible.
La maison de nos hôtes à Vardenis
Artiom, Armen sa femme et sa maman
Avant le départ nous prenons encore le temps de visiter le collège, vide puisque les élèves sont en vacances. Notre hôte nous fait remarquer qu'il y a une partie ancienne et une plus récente. J'avoue qu'on ne voit pas la différence. C'est un immense bâtiment dont on aurait pu croire qu'il était abandonné. De nombreuses vitres ont des trous tout ronds : c'est pour laisser passer le tuyau du poêle au kérosène qu’à l'hiver on installe dans chaque classe.
Autrefois il y avait 1200 élèves, de 6 à 18 ans en gros. Maintenant il n'y en a plus que 200, correspondant à notre collège. L'avantage est qu'il n'y a que 18 élèves par classe.
L’intérieur est à l'image de l'extérieur mais propre. Les planchers sont faits de gros morceaux de bois, les murs n'ont pas vu de peinture depuis des décennies mais l'ensemble garde un air de « grandiose » un peu suranné. Partout d'anciennes affiches de l’ère soviétique mais aussi une nouvelle fois des images invitant les élèves à se souvenir de la grande Arménie et du génocide.
Une armée de balayeuses nous suit et il est vrai que les classes bien que rustiques sont impeccables. J’accède même au saint des saints : la salle des professeurs.
Visitez le collège de Vardenis
Rassurez vous, aucune nostalgie pour cette antique période de ma vie.
Il nous faut franchir le col de Selim maintenant pour regagner donc la région d'Erevan. Nous voulons aussi retrouver les bergers rencontrés là il y a 3 ans et chez lesquels nous avions mangé pain et crème fraîche avec quelque appréhension ( et nous avions eu tort !)
Avant d'aborder le col nous nous arrêtons à la petite ville de Martuni que nous avions déjà vue il y a 3 ans : rien n'a changé, le temps s'est arrêté, la vie, les boutiques, les étals sont les mêmes.
La gentillesse aussi , une fois de plus un café nous est offert dans un « fast food « , en réalité un minuscule restaurant devant lequel brûle un barbecue. Un proverbe arménien dit que celui qui se présente devant ta porte est un envoyé de Dieu et les arméniens ont à cœur de le recevoir de la meilleure façon possible.
Prendre un café à Martuni...
Les habitants de Martuni...
Note Toyota attaque le col et sa route en lacets. Nous montons à travers des pâturages fleuris une fois de plus.
Très vite nous reconnaissons le chemin qui mène à l’estive de nos bergers.
La maison d'estive
Seule sa femme est présente et nous reconnaît immédiatement. Elle a un peu changé, vieilli bien sûr mais surtout n'a plus de dents devant ou juste quelques chicots.
Pourtant elle ne doit pas avoir plus de 40 ans… Nous lui donnons les photos prises la dernière fois et ajoutons quelques polaroids. A notre arrivée les poules sortent en courant de la maison, les mouches restent, tout est dans un état peu reluisant mais en 5 minutes elle essaie de tout remettre en ordre. Nous la sentons fière de voir que nous sommes revenus vers elle. Les enfants se pressent à la porte, sa fille nous regarde timidement. Un café de plus à notre actif!
Moment émouvant pour elle comme pour nous je crois.
La montée vers le col de Selim reprit, jusqu'à un caravansérail situé sur une des routes de la soie et datant du 13ème siècle. C'est un des plus connus et des mieux conservés en Arménie. On retrouve les 3 travées éclairées par des puits de lumière, puits qui servaient également à évacuer la fumée des feux que l'on faisait à l'intérieur. Bêtes et hommes pouvaient y dormir en sécurité.
Montée vers le caravansérail de Selim
Le caravansérail de Selim
La descente vers la vallée se fit au-dessus de canyons de pierres et de verdures vertigineux.
Une nouvelle maison d'hôtes nous attendait. Nichée au creux d'un vallon, près d'un torrent dominé par un escarpement rocheux impressionnant, elle nous charma tout de suite.
Nous étions le deuxième couple à y venir car elle venait d'ouvrir très récemment. L'accueil fut encore d'une gentillesse extraordinaire. Le grand-père nous offrit avant d'entrée dans la maison le pain et le sel, vieille tradition que nous n'avions pas encore eu l'occasion d'expérimenter.
Le soir nous avons dîné accompagnés par les croassements des grenouilles, les flûtes des crapauds et les chants des grillons. Les ours n'étaient pas au rendez-vous, pourtant notre hôtesse nous affirma qu'ils venaient régulièrement la nuit manger les poires du verger lorsqu'elles étaient bien mûres...une expérience que nous n'étions pas pressés de tenter!
Samedi 9 juin
Notre voyage touche à sa fin. Dernier jour sur la route pour cette fois regagner Erevan en début d'après-midi (il nous reste quelques achats à effectuer)
La journée s'annonce belle et commence par un somptueux petit déjeuner face au torrent. Une fois encore l'accueil, la gentillesse de nos hôtes sont étonnants. Tout est fait pour nous faire plaisir et pour que nous nous sentions chez nous.
Une journée qui commence bien...
Nos hôtes nous demandent d'inscrire quelques mots sur leur livre, ce que nous faisons avec plaisir.
Le grand-père se propose pour venir préparer le barbecue en France...
Direction le monastère de Khor Virap, dominé par le mont Ararat que nous avons envie de revoir. C'est tout de même l'emblème de l'Arménie! Ce mont qui ne leur appartient plus et pour lequel ils soupirent depuis que Staline vendit cette région aux turcs...
Une anecdote nous a été racontée hier par notre hôtesse : "un ministre turc et un ministre arménien se rencontrent. Le turc demande : mais pourquoi mettez-vous le mont Ararat sur votre drapeau puis qu'il n'est pas en Arménie? Et l'arménien de répondre : vous avez bien la lune sur le vôtre et pourtant la lune est à tout le monde"
La route change, les paysages aussi, après encore quelques champs de fleurs merveilleux ce sont des montagnes plus arides que nous traversons.
Avant d'arriver à Khor Virap nous nous arrêtons à Areni, grande région de vignobles pour acheter un peu de vin arménien.
Peu après nous avons la chance d'apercevoir le mont Ararat, couronné de nuages comme bien souvent. Il ne se montrera plus pendant le reste du parcours...
Nous retrouvons le monastère avec ses pierres dorées et rouges, sa vue sur les barbelés de la frontière.
Se promener dans le monastère de Khor Virap
Sur le parking de nombreux bus amènent des scolaires. Nous ne résistons pas au plaisir de monter dans l'un d'eux!
Nous avons la chance d'assister à un baptême avant de redescendre pour gagner Erevan.
Pour nous le voyage est terminé, nous avons vu, goûté, senti, touché tout ce que nous espérions. Nous sommes des voyageurs comblés!
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