Ici et ailleurs

Ici et ailleurs

Samarcande, or et azur

...Mais or et d'azur aseptisés...

Trop droite, trop propre, trop touristique, trop neuve, Samarcande nous déçoit profondément. Certes les ensembles de monuments sont encore spectaculairement beaux, débordant d'azur, d'or, de mosaïques plus riches les unes que les autres mais tout a l'air neuf, trop neuf. L'immense travail de restauration qui a été entrepris à l'époque soviétique a eu le mérite de redonner leur éclat à des monuments qui certes partaient en ruines si l'on en croit les photos anciennes. Mais pourquoi avoir doublé cela de places immenses, d'allées rectilignes, de rues bruyantes, de jets d'eau démesurés! C'est pire qu'à Boukhara, que nous finirions presque par regretter, sans parler de Khiva dont nous restons un peu nostalgiques.

Nous avons donc parcouru la ville pour voir là aussi les incontournables.

D'abord le Gour Emir (mausolée de Tamerlan) et sa splendide coupole bleue trônant au centre d'une esplanade où seuls les groupes de touristes se promènent.L'intérieur du mausolée baigne dans une lumière douce et la coupole scintille comme un ciel étoilé.

Ensuite nous sommes remontés jusqu'au Registan, la "place de sable", appelée ainsi parce qu'autrefois les exécutions s'y passaient en public et que l'on y jetait du sable pour absorber le sang...Il parait qu'il y a un demi siècle c'était encore une place grouillante de vie, le coeur de Samarcande avec ses échoppes où s'activait une foule compacte. Le coeur a cessé de battre. L'ensemble majestueux des trois madrasas (Oulough Begh, Chir Dor et Tilla Kari) entourent une vaste esplanade à laquelle on ne peut accéder que moyennant un droit d'entrée important (tout comme au Gour Emir d'ailleurs). Nous pourrions à nouveau parler de coupoles bleues, de mosaiques somptueuses, de décors inimaginables...et de marchands de souvenirs qui ont envahi les moindres recoins.

Oulough Begh

Tilla Kari

Chir Dor

La madrasa Chir Dor (tigre de feu) mérite une mention spéciale : il est vrai que son portail de briques dorées et bleues, orné de deux splendides tigres aux couleurs flamboyantes, surmontés de l'esquisse d'un visage humain, accompagnés de deux biches blanches, attire immanquablement les regards. Il est étrange d'ailleurs que les motifs ne soient pas purement géométriques ou floraux comme l'ordonne l'islam qui normalement n'autorise pas l'art figuratif. Il paraît que son audace a coûté la vie à l'architecte...

Un peu saturés de mosquées, de madrasa, de bleu, de briques étincelantes, nous avons cependant suivi la vaste avenue piétonne, bordée de magasins vendant tous les produits de l'artisanat ouzbèque, qui mène à la mosquée Bibi Khanun en passant par l'immense baza entièrement neuf lui aussi.

Nous avons déambulé dans les allées, attardant nos regards une fois de plus sur les étalages de produits frais, puis sur ceux exposant les "calottes" que portent tous les ouzbeks, sur les visages des vendeuses et des clients, sur les marchands de nougats et autres friandises.

La mosquée Bibi Khanun se dressait peu après, sa coupole grandiose fendant le ciel. Les restaurateurs ont travaillé pendant plus de 40 ans pour lui redonner son allure d'origine mais il reste encore du travail, d'autant qu'elle fut victime de plusieurs tremblements de terre. La façade est splendide mais si on contourne le monument on accède alors (et il est surprenant que les lieux ne soient pas interdits) aux parties encore "en l'état", c'est-à-dire des murs et des coupoles parcourues de profondes fissures où nichent les pigeons, des briques tenant par miracle, tout un monde prêt à s'écrouler...

Bibi Khanun avant sa restauration, vers 1940

En face de la mosquée Bibi Khanun, une des femmes de Tamerlan, prévoyante, avait fait construire son mausolée. Elle eut raison car la légende raconte qu'elle fut précipitée du haut du minaret pour un baiser qu'elle accorda à l'architecte et dont la trace resta sur sa joue, mettant ainsi Tamerlan dans une colère effroyable! Nous en avions assez de payer pour toutes ces visites. Nous avons tenté de négocier l'entrée du mausolée. Bien nous en a pris : quatre échantillons de parfum (toujours en avoir sur soi!) nous ont permis d'entrer sans bourse déliée. Nous avons juste regretté de ne pas y avoir pensé plus tôt.

L'ensemble de la mosquée et du mausolée Bibi Khanun

Pour échapper un peu aux mosquées nous avons décidé de quitter la ville pour aller à Urgut, petite ville à la frontière tadjik où, paraît-il, se tient un des plus grans bazars de la région.



27/10/2011
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