3ème jour : à la rencontre du désert
Samedi 20 avril
A la rencontre du désert.
La matinée commence mal : dès le réveil nous sommes « douchés » dans tous les sens du terme : il pleut !!! Il a plu une bonne partie de la nuit et là c’est une bonne vieille grosse pluie qui tombe, et il fait très frais.
A Marrakech depuis le début de l’année ils ont eu 7 jours de pluie, tout le monde l’attendait avec impatience. Nous, on s’est dit que ça aurait pu attendre encore un peu, ils n’étaient plus à un jour près !
Enfin nous n’avons pas le choix et montons grelottants dans le taxi qui doit nous emmener dans un premier temps à travers la montagne dans les villages berbères, et plus précisément celui d’Asni où se tient chaque samedi un grand marché, berbère bien sûr.
Ensuite ce sera le but ultime et attendu du voyage : le désert d’Agafay et surtout la promenade à dos de dromadaire (une bosse) dont rêvent nos grands depuis qu’ils savent qu’on les emmène à Marrakech.
Nous commençons donc le voyage en traversant la banlieue de Marrakech avant d'entamer la montée sous une pluie incessante.
Le chauffage tourne à fond dans la voiture. Très vite nous voilà dans la montagne, longeant des vallées escarpées, devinant les sommets et quelques villages sur les pentes dans la brume. Quelques ânes (le 4x4 du Maroc) attendent parfois, seuls, sur le bord de la route. Le chauffeur nous explique que certains villages ne sont pas accessibles par une route et que donc ces ânes sont là pour aider les habitants à monter ou descendre dans leur village.
Quelques petites camionnettes stationnent aussi sur les bords : ce sont des marchands de boissons.
Nous ne manquons pas de nous arrêter : un café chaud, des chocolats chauds, quelques paquets de gâteaux, remettent un peu de chaleur au corps et au cœur de chacun…
Nous finissons par arriver à Asni ; des centaines de voitures, camions et camionnettes sont stationnés des deux côtés de la route (hé oui les berbères ne circulent pas qu’à dos d’âne).
Nous passons devant des maisons fortement endommagées par le dernier séisme. Les habitants vivent depuis huit mois à côté dans des tentes et la reconstruction ne sera pas effective avant 2 ans. On n’ose imaginer les conditions et le froid subi cet hiver (car ici il neige l’hiver).
Il pleut toujours nous descendons pour nous enfoncer dans le marché, essayant d’éviter de glisser sur un sol boueux et détrempé au milieu d’une foule compressée et active. Nous connaissons ce genre de marché et nous les adorons. Mais nous sentons tout de suite une certaine réticence chez les enfants qui n’apprécient pas, semble-t-il, ce monde, la présentation inhabituelle des différentes denrées provenant de la montagne, la saleté qui découle du temps. Ils sont habitués, il est vrai, à un monde beaucoup plus aseptisé et la découverte d’un autre mode de vie ne les emballe pas. Deux berbères se sont improvisés nos guides, nous n’arrivons pas à nous en débarrasser. Nous passons successivement par les étals de légumes (bio), de poissons pour arriver à celui des bouchers. On nous explique que les bêtes sont abattues sur place dans un coin du marché (dissimulé au regard, que le vétérinaire est là pour apposer un tampon, puis que la viande est découpée et mise en vente immédiatement. C’est donc de la viande particulièrement fraîche ! Sur les étals bien sûr on ne trouve pas que les morceaux « nobles » et les pieds de bêtes côtoient les têtes coupées, les poumons et les tripes exposées, car tout se mange. Nos 4 ados sont écœurés et refusent même parfois de regarder. Pour une fois qu’ils sont confrontés à une réalité autre que celle à laquelle ils sont habitués…
Ils acceptent tout de même de partager un beignet cuit devant eux dans une huile propre.
De petits restaurants de marché sont installés sur une allée. La viande et les brochettes cuisent sur de petits barbecues pour être dégustés immédiatement. Elle est achetée sur place par le consommateur qui ne paie que la cuisson…
Les guérisseurs sont abrités sous des tentes et les patients se pressent devant les lieux.
Plus loin c’est le « bazar » : vente de poteries, plastiques, fils de laine, objets de la vie quotidienne. Un forgeron s’active sur place, un peu plus loin c’est un étameur qui répare les théières abimées…
Tout un monde actif que nous observons avec plaisir (mais pas vraiment partagé) sous une pluie toujours présente.
Michel arrive à éconduire nos 2 berbères qui avaient sorti les bracelets en argent et commençaient à marchander le prix même si nous n’en voulions pas.
Nous repartons en direction, enfin, du désert d’Agafay. La route, étroite, chemine à travers la montagne, toujours sous la pluie. Nous traversons de plus en plus de villages aux maisons détruites ou fortement endommagées par le séisme, et les rangées de tente le long de la route. Seuls quelques constructions provisoires en dur existent pour les organismes officiels : poste, gendarmerie etc.
Nous nous arrêtons pour faire quelque part dans l’un de ces villages mais la pluie et le froid nous découragent rapidement.
A travers les villages berbères
La descente se poursuit vers le désert. Au loin nous apercevons un grand lac et des villages plus importants, surmontés des minarets des mosquées.
Encore un peu de verdure puis ce sont des étendues vallonnées, rocheuses et nues qui peu à peu s’étendent sous nos yeux. Des lits de rivières à sec les parcourent, avec cependant, grâce à la pluie récente, quelques flaques d’eau et sur leurs bords, une végétation qui semble avoir repris un peu de vigueur.
Nous approchons du but. Des tentes et des dromadaires apparaissent dans le paysage. Le lieu est « spécial touriste » mais nous avons de la chance : il ne pleut plus, un soleil correct a fait son apparition, les tentes et enclos sont très espacés les uns des autres, laissant l’illusion d’être seuls. Et de toute façon il n’y a pour ainsi dire personne.
Enfin nous y sommes : arrêt devant « notre « ensemble de tentes et « nos » dromadaires. Les 4 grands sont enthousiastes et tombent en admiration successivement devant : le paysage, les dromadaires, les tentes berbères sous lesquelles nous allons manger face au désert. C’est un désert de roches et de cailloux, un peu différent de ce qu’ils imaginaient (ils pensaient qu’un désert est forcément de sable) mais ils ne sont pas déçus.
Assis sur les poufs sous la tente nous aurons droit au thé à la menthe, aux entrées marocaines, aux tajines et brochettes avant de nous diriger vers ce qui est le point d’orgue du séjour : la promenade en dromadaire !
Nous voilà déguisés rapidement en Touaregs de cinéma : djellaba et foulard bleu indigo qui nous vont très bien.
Nos montures sont amenées : 6 magnifiques et résignés dromadaires, attachés l’un à l’autre et qui vont entamer leur énième tour de désert.
On sent bien que chacun est un peu dubitatif sur la suite mais tout se passe bien. Nous arrivons à nous installer sur les bêtes sans trop de mal, après, dire que c’est très confortable, il ne faut pas exagérer. Un petit coup au cœur lorsque les bêtes se relèvent : nous tanguons dangereusement quelques secondes puis tout se met en place.
Marius, ravi, est en tête et le guide tient son dromadaire pour le guider sur le parcours. Le moment est manifestement magique, le vaisseau du désert emplit son office à merveille. La caravane s’ébranle et l’espace d’une heure nous pourrons nous imaginer « voguant » dans les grands espaces déserts. Le paysage est …désertique, ponctué seulement de temps à autre par le bruit de quelques quads car tout le monde n’a pas choisi le même mode de locomotion.
Les enfants apprécient, et nous aussi, cette lente balade. Le conducteur lâche les rênes pour nous filmer et voilà Marius promu chef de caravane !
Nous reviendrons une heure plus tard à notre point de départ. La descente de dromadaire est intéressante : regarder ces bêtes s’assoir est curieux. D’abord les jambes de devant se plient en deux puis celles de derrière suivent en se pliant également. Ces deux mouvements occasionnent un petit va et vient surprenant sur la selle mais tout va bien.
Nous quittons les lieux avec quatre enfants plus que ravis de leur après-midi…
Le retour se fera rapidement et finalement nous nous retrouvons à la « maison » à 18h30 sans encombre mais des souvenirs plein la tête…
Demain sera plus calme : hammam et achats au menu.
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